Ce blog et ses articles ne prennent pas en compte les spoilers qui protègent du dévoilement intempestif et malvenu d'éléments clefs du film, de ce fait, si vous ne l'avez guère encore vu: ne lisez pas cet article !
MAGNIFIQUE ****
Le thème du temps qui passe, des liens du sang au sein d'une famille, de l'Amour, de la Mort...
Des thèmes universels et intemporels §
Ce film m'est apparu fort sensible et juste. Guère uniquement perclu de bons sentiments, des ressentis y pointent la face, des règlements de comptes, assez délicats néanmoins, contrairement au film de Ronit Elkabetz : "Les septs jours" ou "Deux jours à tuer de Becker" avec Albert Dupontel, pour citer deux films récents que j'associe à celui-ci, pour les thèmes notamment ***
J'en suis sortie en larmes séchées, transfigurée ***
Sachant que le décès des deux pères du film font cruellement écho chez moi, à la récente perte de mon père, je suis de fait d'autant plus réceptive et sensibilisée à ce genre de sujet, que toute autre personne ne le sera ***
Cinq dates du passé au plus proche présent, qui ont scandé la vie d'une famille de trois enfants et deux parents, sans omettre le père du père, joué par un acteur aux cheveux blancs fort touchant: Roger DUMAS ***
La première semble t-il me souvenir vers 1988, consiste en l'évènement de l'euthanasie du vieux chien de famille, assumé par l'aîné des enfants Albert (Pio Marmai: très beau brun dans le genre grec ou romain, intense...) ***
La seconde, celui de l'anniversaire et des seize ans de Fleur, la seule et dernière fille de cette fratrie. Date qui coïncide pour elle avec le choix décisif et fondamental de passer le cap du franchissement de la ligne de démarcation entre "le statut de femme" selon elle et celui d'enfant (bien imagé par l'utilisation des deux personnes aux deux âges concernés, la plus grande disant au revoir à l'autre, une flaque "avançante" de sang, transparaissant ensuite sous la porte de cette chambre funeste où la virginité fut envolée...)
Touchante date, car tous les membres de cette famille oublièrent d'abord de fêter comme il se doit, le bon anniversaire à la jeune femme concernée, qui recherche auprès d'abord de ses deux parents, la petite phrase tant attendue, en forme de reconnaissance...
Ensuite, cette douce et très belle jeune femme (Déborah François: superbe minois !) va découvrir la goujaterie masculine, consistant en l'indifférence absolue une fois l'acte escompté consommé !
Très beau, cette intervention du grand frère Albert auprès de l'immonde Sacha, remettant les pendules à l'heure.... Scène visible en bande-annonce ***
La troisième, si ma mémoire est bonne, consiste en la première scène de Raphaël, le fils second, d'un café-concert où il se produit devant son père, grand mentor, avec le manteau léopard de sa mère, emprunté sans le consentement de cette dernière.
Ce beau jeune homme (Marc-André GRONDIN, yeux verts au regard particulièrement trouble, nez si fin et menton fossété si allongé...) rencontra aussi la jeune rockeuse brune qui fit flasher son coeur...
Par contre j'ai oublié la 4ème date, pensant que la dernière consiste en l'anniversaire du père (Jacques GAMBLIN, homme d'une beauté exquise, magnifique et magnifié, par son teint bruné, ses yeux souriants et ses tempes engrisonnées...).
La phrase phare du film par lui y fut lancée: "C'est important une famille. Vous voir grandir tous les trois est le plus beau spectacle auquel j'ai assisté dans toute ma vie. Avoir des enfants c'est une force magnifique."
Cette date coïncide aussi avec celle de son information donnée d'une fin proche annoncée, liée à d'importants problèmes de dos de ce père et mari, chauffeur de taxi.
Sa disparition finale, est émouvante, notamment du fait de la douleur bien exprimée par Zabou BREITMAN, sa femme dans le film, Marie-Jeanne.
Les trois enfants semblent eux davantage réservés dans l'expression de cette douleur indissociablement liée à la perte de celui qui a 50% a contribué à façonner votre vie ***
Ses liens familiaux sont beaux.
Ses souvenirs qui reviennent à Raphaël, lorsqu'il pénètre en la chambre d'Albert qui vient d'emménager chez lui et a quitté le nid familial, est le premier moment m'ayant émue aux larmes. Ses moments de jeux et de jeunesse partagés avec son frère, sa soeur, des amis, est vraiment un retour sur le temps fort émouvant.
On ne peut s'empêcher du coup, d'évoquer ses propres souvenirs d'enfance, associés à sa propre éventuelle fratrie, tous ces beaux et bons moments, qui ont filé avec le temps...
La famille d'où l'on vient..
Et celle que l'on va créer: Déborah à la fin apprend manifestement par un test, sa grossesse, et son père ainsi va se perpétuer, bien qu'il soit déja décédé...
L'éternité par les enfants est ainsi touché ***
Touchant fut aussi pour moi ce moment où Robert (Jacques GAMBLIN) à la mort de son père Pierre, découvre dans son porte-feuille des photos de lui enfant, alors qu'il n'en avait jamais vu exposées chez son père de son vivant. Et le lui avait reproché, pétant un câble lors d'un diner, durant lequel ce dernier l'avait comme souvent semble t-il, vertement rabaissé.
Son père l'aimait finalement, et pour lui il comptait tant ...
Ce moment également, où ce grand-père confie à son petit-fils Raphaël, le manque lié à la perte de sa chère et tendre aimée, sa grand-mère.
Tous ces échanges de confidences, de moments reliés à son propre passé, cette transmission, est quelquechose de bouleversant...
Construire, investir en des êtres, une femme, un homme, des enfants, constitue sûrement un des plus nobles et importants fondements de notre existence et de notre société, qui tend hélas cependant à s'éloigner fondamentalement de ce modèle.
En effet, de nos jours les relations affectives se résument souvent soit, comme l'exprime cruellement Fleur, lorsque sa mère découvre avec émotions son journal intime (l'i.v.g. notamment, bien rendu par l'apparition en la chambre de la fille face à sa maman...) en des coucheries "one shot" ou de brèves histoires où le stade de l'état amoureux ne cède guère la place à celui du choix volontaire d'Amour.
Comment construire dès lors ? Combien d'enfants élevés par un seul de leurs parents et privés du cocon rassurant rendu brillamment par ce sensible film, du foyer uni dans sa complétude ?
Que deviendra notre humanité, constituée de plus en plus de membres déracinés, et peut-être déséquilibrés ?
Rendez-vous dans des années pour le constater...
Sans compter les nouvelles ombres naissantes qui l'obliquent dans un sens plutôt dévoyé ...
La musique de ce film joue toujours pour moi, un rôle primordial dans l'apparition forte d'émotions.
Ce très beau morceau d'Etienne Daho, qui donne à ce film son titre, le premier jour du reste de ta vie, dispose d'une mélodie qui sait toucher l'âme en l'élevant haut et de paroles signifiantes.
Celui qui accompagne la mort et jeté de cendres de Robert aussi: "It's a perfect day" de Lou Reed, me semble t-il...
Merci aux artistes, de tous poils de nous élever au dessus de nos conditions bassement humaines, de nous permettre de transcender le quotidien dans toute sa mécanique de banalité...
Merci à eux de nous donner à réfléchir et évoluer, c'est à espérer, un peu...